Le Costa Rica a lancé l’alerte officielle le 13 novembre. Les vols de l’aéroport de Libéria ont été annulés le 15, le temps de réparer la piste d’atterrissage. Au Guanacaste, depuis le 4 novembre, il pleut. Pis pas juste un peu. Il pleut à boire debout. Tout le temps. C’est ma 7e saison des pluies ici et je n’ai jamais vu un truc aussi intense. Ça déborde de partout.
Tout le monde que je connais est affecté, d’une façon ou d’une autre. Ma maison du fond aussi a d’la misère. En campagne de Tamarindo, déjà que le sol était saturé d’eau, là, j’ai carrément un ruisseau qui traverse mon terrain. Je dois creuser des tranchées sur les 2 côtés pour permettre à l’eau, qui vient des lots plus haut, de circuler jusqu’à la rue. Mais même les fossés sur le bord des routes sont pleins ou inexistants, ce qui rend les chemins quasiment impraticables. J’ai fait une grosse épicerie y’a 3 jours, au cas où on ne puisse plus circuler en véhicule. À 2 minutes de chez moi, y’a toujours des autos et des motos qui restent jammés dans la boue (voir vidéos en commentaire).
La photo montre le patelin de Filadelfia, à 45 minutes de mes maisons. Imaginez-vous être pogné là?? Malgré tous les problèmes qui surgissent chez moi, j’me sens béni. Ces gens-là doivent capoter… Les assurances ne paient rien en cas de catastrophes naturelles. Ça me fait beaucoup de peine et j’me sens impuissante pour eux. Fack je prie.
Dans mon village, on s’organise comme on peut entre voisins. On a un groupe WhatsApp qui réunit 33 familles et on échange des solutions. Les gens se gèrent en esti, ici. Je contribue comme je peux. Au moins, on a de l’électricité et de l’internet. Merci la vie. Ça pourrait toujours être pire et j’suis reconnaissante que ça ne soit pas le cas. Amen.
Hier, y’a eu une accalmie grise pendant 1h, j’en ai profité pour promener Namasté qui n’en peut plus de ne pas bouger. Il courait partout, c’était beau à voir. Trop énervé qu’il était, il a marché dans d’la boue et ses 2 pattes de derrière ont calé bin creux. Son énergie de feu lui a permis de s’en sortir sans que j’aie à intervenir. Même moi, j’me suis enfoncée solide… et pourtant, je regarde où je mets les pieds!! C’est surréaliste.
Aujourd’hui, ça fait 14 jours que je ne vois pas le soleil. Le ciel est tellement lourd qu’à 9h le matin, on dirait qu’il est 17h30. Ça joue sur le moral en maudit. Même les poules agissent bizarrement. Pulga (qui pond des œufs depuis peu) couve un œuf… ce n’est même pas le sien, c’est celui de Milagro! Quand je m’approche, elle se gonfle et crie ce que j’imagine être (en langage de poule): «Décâlisse!». Je la respecte… mais ce comportement m’inquiétait alors j’ai fouillé sur internet. J’me demandais si Pulga s’identifiait à la Vierge Marie, car y’a pas de coq ici! Mais j’ai appris que ça arrive que des poules couvent, même si le nid est vide. Elles ont une pulsion de couver. Alors je laisse aller.
Impossible de faire du lavage, c’est trop humide et une sécheuse, c’est un gros luxe, ici. Par chance, j’ai une pile de bobettes propres. J’suis aussi soulagée que Titite (ma chatte) se sente assez en confiance pour aller et venir à sa guise. J’aurais capoté pour vrai si elle n’était pas avec moi lors des gros déluges. Une autre bénédiction.
En tk… j’ai hâte que l’été arrive… et que ma toilette flushe.
Un avis sur « Déluge intense »